Tout a commencé par une psychanalyse. Non, ne riez pas ! Je vous assure que ça n’est pas drôle. Quand vous entrez dans le cabinet du diable qui hante le lieu, vous laissez derrière vous tout espoir et toute possibilité de retour. Ah ! Comme les gens sont stupides ! Ils s’imaginent naïvement que cette thérapie est une merveilleuse aventure, qu’ils entreront dans leur inconscient comme on découvre une terre inconnue peuplée de dangers excitants et de plaisirs subtils, bref, qu’ils seront plus intelligents qu’avant. Et bien moi, je vous le dis tout net, j’aimerais retourner à mon idiotie primitive. La psychanalyse ne guérit pas la connerie. Elle ne fait que la confirmer.
« Borderline à structure psychotique ! » Voilà ce que m’a craché à la figure un psychiatre obèse dont j’ai bien envie de citer le nom ridicule pour qu’il s’étrangle avec les glaçons de son whisky. Imaginez un peu. Vous êtes un jeune homme romantique de dix sept ans, vous adorez Chateaubriand, vous dites « mademoiselle » aux jeunes filles qui vous sourient et «salope » à celles qui vous tendent un majeur humiliant, vous tentez la lecture de Hegel pour faire plaisir à votre professeur de philosophie qui sort, frais et moulu, le premier de l’école supérieure des philosophes et, tout à coup, patatras ! Tout s’écroule. Une baudruche criminelle hurle à vos oreilles chastes et délicates : « Espèce de borderline psychotique ! » Je n’ai jamais fantasmé sur le meurtre mais là, j’ai été tenté.
J’ai bien eu envie de le traiter d’enfoiré de social-démocrate à structure psychopathique mais je me suis abstenu car je ne savais pas vraiment ce qu’était un social-démocrate. Aujourd’hui, je le sais, c’est Robert Hue. Alors donc je l’ai regardé le psychiatre obèse et j’ai répondu avec un courage qui me surprend la nuit avant de m’endormir : « Vous êtes beaucoup trop gros pour regarder une porte en face. »
Mais, mais, mais, il faut revenir à notre récit dramatique, antique, épique, surmoi-que, phallique, baltique, hystérique, pas de panique ! Après l’insulte du gros crapaud alcoolique, j’ai «fait » bon nombre de psychiatre pour qu’ils me prennent en psychanalyse parce que j’étais malade d’angoisse. « Non, non, non et puis non ! » C’est ce qu’ils m’ont répondu en chœur, en habit d’huissier, gentiment, méchamment, négligemment, heureux comme des députés pacsés. Et puis aussi ceci : « Vous n’êtes pas fait pour ce genre de pratique, vous êtes trop petit, nous n’avons pas le temps mais beaucoup d’argent, vous n’êtes pas assez grand, il faut beaucoup d’argent, nous n’avons rien affaire de votre affaire et, surtout petit bonhomme, vous avez les mains moites. » Stop ! Frappez et l’on vous ouvrira m’a dit mon petit-neveu qui se destinait à être chef de la sécurité au Vatican. Empli de cette divine parole, j’ai cherché et j’ai trouvé, prés de chez moi, à côté du marché et de la place Lénine, un psychiatre juif, psychanalyste, expert prés les tribunaux et accessoirement sexologue. C’est un homme très bien. Il a des petits chiens et des petits poissons de toutes les couleurs genre année soixante dix. Il a aussi des tortues naines qui mordent les enfants méchants. Il a toujours des toilettes très propres car c’est un homme très bien habillé. Chez lui, y’a même une salle de bains. Il en prend souvent parce que son métier est très fatigant. C’est un homme très sage. Il a une caméra devant sa porte. N’entre pas qui veut. Et puis comme ça il peut sortir de son bain quand il veut. En dépit de ses nombreuses qualités que j’ai n’ai pas énuméré (ce serait épuisant), c’est à cause de lui que les ennuis ont commencé.
Oui, oui, oui, je vous entends déjà vous lamenter, pleurer, miauler, hennir et demander qu’on ne touche point à vos acquis sociaux. « Qu’est-ce donc que cet âne qui se prend pour un écrivain ? Est-il hystérique ou diplomatique, agent de la C.I.A ou Jacques Seguéla, est-ce un lacanien ou bien un crétin. Rien de tout cela et bien plus que cela. Je suis un état limite.
Je suis contre le travail pour moi !
A l’A.N.P.E., ils m’ont dit de venir pour que je trouve du travail. Moi, je voulais pas y aller parce que je sais bien qu’ils en ont pas du travail et parce que je veux pas travailler. Je vois pas ce qu’il y a d’intéressant dans le travail. Se lever tôt pour un maigre salaire, faire des choses qu’on veut pas faire pour juste un SMIC, prendre le train et le métro tous les jours pour être actif, c’est pas une vie. Et puis, c’est fatigant le travail. Plusieurs heures par jour que ca fatigue. Je suis contre le travail pour moi. Je suis pas fait pour travailler. Je suis fait pour ne rien faire. Ca repose. Bon, je suis allé à l’A.N.P.E. pour pas qu’on remarque que je suis feignant.
Il y avait beaucoup de monde. Mais eux, ils en voulaient du travail même qu’ils avaient l’air malheureux sans. On aurait dit des gens qui vont voir le médecin pour qu’ils leur disent qu’ils n’ont pas le cancer. Et bien si, ils l’avaient le cancer parce que quand ils sortaient, ils avaient les yeux tristes comme quand on va mourir. Quant ca a été mon tour, j’étais pas malheureux. J’ai dit que je savais rien faire et qu’en plus j’étais un malade mental, c’est ce que disait la cotorep. Alors, ils m’ont pas gardé longtemps. J’avais pas le cancer, j’étais content. J’avais pas de travail non plus. J’ai été fêté ca dans un bar à boire des barons de bière. Il fallait tout de même que je revienne pour une conférence sur le travail. C’est vraiment une drôle d’idée, ça ! Parler de quelque chose qui n’existe pas. Faut vraiment rien avoir à faire !
C’était une grande salle. Y’avait plein de monde comme dans une conférence. Au bout d’une heure, on s’est assis. Tous des chômeurs qu’on était. Y’avait plusieurs intervenants qu’intervenaient dés que l’envie d’intervenir les prenait. Y’en a un qu’a dit qu’il fallait savoir ce qu’on voulait faire. Moi, je voulais vite m’en aller alors j’ai dit, en levant le doigt, qu’est ce qu’on fait quand on sait pas quoi faire ? Le monsieur, il a dit qu’il y avait bien une chose que je savais faire. J’ai dit non. Je voulais m’en aller. Alors, il y a un autre intervenant qu’est intervenu. Il m’a dit qu’il fallait passer des test et qu’après je saurais ce que je peux faire. Mais ce que je peux faire, ca correspond pas forcément avec ce que j’ai envie de faire, j’ai dit. Ils se sont énervés, les intervenants, et ont crié ensemble pour faire peur aux chômeurs : Vous voulez du travail oui ou non ?
Là, on aurait pu entendre voler un avion. Sauf que moi j’ai dit non, je veux pas travailler. Tout le monde m’a traité de fou. Bon, j’ai pensé, je vais enfin pouvoir partir. Et effectivement, je suis parti, délivré pour toujours du travail et de ses intervenants.
Mais, c’était pas vrai. Les intervenants, ils m’avaient remarqué, moi le roi des fainéants. Ils m’ont dit que si je faisais rien, ils en parleraient à la cotorep parce qu’ils avaient le bras long et la cotorep, elle me verserait plus mon allocation pour adulte handicapé. C’était du chantage honteux, ça ! Moi, un malade, me faire travailler, scandaleux c’était que j’ai dis aux intervenants. Ils en avaient rien à faire. Ils aiment bien donner du travail aux gens qu’en veulent pas. C’est comme ca que j’ai du travailler.
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